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mercredi 16 février 2011

L'effondrement des régimes démocratiques


Instauration et consolidation d'un régime démocratique et sa stabilité future, Traduit par Sanfour,


Introduction du traducteur:

Ceci est la traduction personnelle, et assez approximative d'ailleurs, de quelques pages de l'ouvrage "La Quiebra de las Democracias" de l'éminent politologue  Juan Linz (pour une brève présentation de Juan Linz, Cf. Wikipedia). Le titre original de l'ouvrage paru en 1976 est "The Breakdown of Democratic Regimes". Il ne fut, malheureusement, jamais traduit ni en français ni en arabe. Le livre traite de l'effondrement des démocraties et du passage d'un régime démocratique à une dictature ou un régime autoritaire, situation qui ne nous intéresserait pas particulièrement en ce moment puisque on est entrain de vivre le processus inverse en Tunisie. L'intérêt de la thèse de Juan Linz pour une éventuelle réflexion sur la situation qui nous intéresse, tient d'après moi à l'importance qu'il attribue aux conditions initiales d'instauration d'un régime démocratique, qui le prédétermineraient considérablement à un avenir plus ou moins stable, et prédétermineraient son aptitude à survivre à "une crise sérieuse". Cette crise ne se produit pas nécessairement pour les premiers gouvernements, sinon à moyen et à long terme. Dans ces quelques pages, Juan Linz détaille certains des points qui se sont avérés variablement déterminants dans l'effondrement de certaines démocraties du XXème siècle. Il est, toujours dans mon opinion, primordial d'être particulièrement attentif lors de cette phase de mise en place, voire de consolidation, d'une nouvelle démocratie en Tunisie à certains comportements et certaines politiques susceptibles de compromettre l'avenir de ce régime et de nous renvoyer à un passé qu'on pensait définitivement révolu.


Par JUAN J. LINZ
dans
La quiebra de las democracias (Alianza Editorial Sa, 1996),
Traduit par Sanfour



L'histoire des démocraties dont le destin nous intéresse révèle l'importance de l'inauguration et la consolidation initiales du régime pour sa capacité future à faire face à des crises sérieuses. Ce n'est pas par hasard que tant d'efforts soient concentrés dans les débats constitutionnels au cours du processus de création de nouvelles démocraties et que les politiques et la science politique traditionnels accordent tant d'attention aux vertus et aux défauts des constitutions. Il est facile de reprocher rétrospectivement à certaines normes constitutionnelles, comme le fameux article 48 de la Constitution de Weimar, des conséquences non intentionnelles et qui ne pouvaient probablement pas être prévues lors de la rédaction de la norme. On pourrait dire la même chose de la loi électorale de la République espagnole promulguée rapidement par le gouvernement provisoire sans beaucoup de discussion, ou de l'absence d'un vrai exécutif dans dans la Constitution de l'Estonie.

La rédaction d'une Constitution n'est sans doute pas le seul processus dans la création d'un régime démocratique qui ait des implications à long terme.
Le programme initial avec un ordre des priorités adopté à ce moment est d'importance égale voire plus grande, non pas seulement pour le gouvernement provisoire et le premier gouvernement, mais pour le régime lui même. Ce programme crée souvent des attentes qui ne peuvent être satisfaites dans le cadre existant et se convertissent rapidement en source de semi-loyauté pour les forces impliquées dans le processus de création du régime.
En effet, cet ordre des priorités initial peut contribuer à la consolidation de positions basiques dirigées à légitimer le régime, spécialement quand cet ordre se définit non comme un programme du gouvernement, mais comme une part substantielle de la Constitution qu'il est difficile de modifier par simple majorité.

Quand un régime change, l'attitude d'une grande partie de la population se maintient neutre ou dans l'expectative, sans s'identifier avec ceux qui l'ont établi ou se maintenir loyale envers le régime qui est tombé. Cela se produit spécialement quand le système de partis du nouveau régime n'a pas été capable de cristalliser sous le régime précédent, comme dans le cas d'un régime autoritaire qui ne permet à une opposition organisée de participer d'aucune façon dans le processus politique. Dans ces cas, les attitudes envers la légitimité et l'efficacité du nouveau régime se verront très probablement et d'une façon permanente, déterminées par ces premiers pas.

A cette étape, les nouveaux gouvernants peuvent initier des politiques d'un caractère socialement constituant, créant une base d'appui solide parmi ceux qui en bénéficient. C'est aussi le moment auquel ils peuvent minimiser la préoccupation des neutres vis à vis du changement du régime, mais qui sont préoccupés par les implications de ce changement.
Il est possible que les leaders du nouveau régime démocratique se trouvent tentés de mettre à leur ordre du jour tous les problèmes de la société qui ne sont pas résolus, probablement pour maximiser l'appui (populaire[NDLT]), sans se rendre compte que le faire maximise aussi le nombre de personnes potentielles qui seront négativement affectées par les réformes. Inscrire simultanément à l'ordre du jour beaucoup de problèmes complexes dont la solution a été retardée des décennies durant peut très bien déborder les ressources d'un leadership avec peu d'expérience administrative, une information limitée et des ressources financières peu abondantes. Même en supposant que toutes les solutions proposées fussent efficaces, un manque d'effectivité, dans le cas où elles n'auraient pas été menées rapidement, peut nuire au régime. Tout au cours du processus, elles auraient créé de grandes attentes chez les sympathisants, éveillé les peurs de ceux qui se sentent négativement affectés par les réformes, sans pour autant profiter de l'appui des bénéficiaires potentiels.

Pourquoi cette règle se répète-t-elle chez des régimes démocratiques nouveaux ?
A notre avis, il y a des causes multiples. L'une d'entre elle est de prétexter des problèmes accumulés, du laisser-aller du régime antérieur aussi bien que les difficultés de la réalité sociale. L'euphorie initiale et l'image d'un appui large, mesuré plus par les masses dans les rues et l'ambiance festive que par les votes, laisse fréquemment croire qu'avec de la bonne volonté, tous les problèmes peuvent être résolus, spécialement suite à une longue période dictatoriale. Les dirigeants du régime démocratique ont généralement eu du temps pour réfléchir aux problèmes de la société et leurs solutions, mais ne se sont pas confrontés à la tâche de les formuler en termes précis mettant en relation les solutions et des faits spécifiques, face à la résistance qu'ils vont surement rencontrer. Les nouvelles démocraties sont généralement institutionnalisées par des coalitions dans lesquelles même les petits groupes, dont la force est toujours inconnue, peuvent très bien être représentés et veulent se faire entendre. Dans des sociétés multinationales, la crise du régime antérieur et le futur incertain ont tendance à fragiliser le gouvernement central et à activer les demandes d'autonomie voire les demandes sécessionnistes qui doivent être incluses dans l'ordre du jour. Les nouveaux leaders peuvent aussi se sentir en insécurité par rapport à leur force future dans les cas où les forces sociales identifiées avec le régime antérieur recouvrent leur capacité d'organisation, et voudront de ce fait légiférer voire inclure leurs aspirations de programme politique dans la nouvelle Constitution.

Le désir de réussir des changements sociaux fondamentaux à travers des décisions législatives ne correspond pas aux ressources disponibles pour réaliser ces changements. Il est très probable que tout changement de régime ait des effets perturbateurs sur l'économie, qui sont parfois dus à des coupures dans les budgets étatiques, des fuites de capitaux et une réduction d'investissements. Ceci, combiné avec le champ limité que peut embrasser l'attention des leaders du gouvernement, absorbés par des débats constitutionnels et législatifs, confrontés à une machinerie bureaucratique qui ne leur est pas familière et à l'aide d'une équipe non préparée, rend pratiquement impossible la réalisation d'un ordre du jour aussi ambitieux. Les déceptions et frustrations résultantes peuvent être à l'origine de conflits à l'intérieur même de la coalition initiale qui a créé le régime.

Parmi les changements introduits par les nouveaux régimes, beaucoup ont un caractère symbolique : le changement de drapeau, par exemple, en est un qui est généralement perçu profondément seulement par une minorité, mais qui blesse ceux qui se sentent liés à une tradition. Dans les cas des républiques allemande et espagnole, le changement de drapeau national a fourni une opportunité pour ces conflits. Un autre exemple est le remplacement du Vive l'Espagne traditionnel par le Vive la République lors des cérémonies officielles et militaires.

Ces changements peuvent susciter au début l'enthousiasme, mais étant donné qu'ils ne représentent pas d'avantages tangibles pour les partisans du nouveau régime, ils ne constituent pas le type de changements basiques et de mesures politiques qui peuvent gagner l'appui de grands secteurs de la société  en faveur du nouvel ordre. Ils se convertissent sans doute en un thème important pour l'opposition déloyale et contribuent à une attitude semi-loyale pour une partie des groupes politiques qui espèrent gagner l'appui de l'opposition déloyale.

Les nouveaux dirigeants ont aussi une tendance, basée probablement sur leur sentiment de supériorité morale, à gaspiller de l'énergie dans ce qui peut s'appeler politique de ressentiment (en français dans le texte [NDLT]) contre des personnes et des institutions identifiées avec l'ordre ancien, qui pourrait consister en des attaques mesquines à leur dignité et leurs sentiments. Ces mesures peuvent très bien avoir un retentissement à des niveaux inférieurs, au sein de gouvernements locaux et de l'administration, spécialement dans les sociétés rurales, et peuvent même servir à régler des comptes personnels.

Les rancœurs causées par ces changements symboliques et les couts émotionnels de la politique de ressentiment ne s'oublient pas facilement. Dans ces mesures politiques gisent les racines de l'opposition déloyale et l'ambivalence latente envers les régimes qui peut se manifester des années plus tard au moment d'une crise sérieuse. L'effet psychologique qui accompagne un changement de régime dépasse fréquemment les changements sociaux réels, ce qui explique l'intensité de l'hostilité, d'une part, et de la désillusion par rapport aux changements d'autre part.

Pour cela, l'analyse intelligente des coûts politiques et des bénéfices de chaque mesure qui sera prise revêt une importance particulière durant la phase de consolidation d'un régime démocratique. Ce n'est pas le succès ou l'échec d'un gouvernement en particulier qui est en jeu, mais la formation de prédispositions basiques du régime. Beaucoup peut être gagné en sélectionnant un nombre limité de problèmes et en introduisant à un rythme relativement rapide des réformes qui peuvent bénéficier à de petites, et parfois très visibles, minorités. Ceci n'est pas facile, mais certains régimes ont eu de la chance. Par exemple, dans certains pays d'Europe de l'est, une réforme agraire à grande échelle a été possible parce que les grands propriétaires terriens appartenaient à une minorité ethnique étrangère.

Les problèmes de politique étrangère représentent souvent une charge sérieuse pour un nouveau régime qui peut se retrouver au départ dans une relation de dépendance vis à vis d'autres pays. Ceci a été un problème particulièrement grave pour l'Allemagne, l'Autriche et d'autres états successeurs de l'Empire Austro-Hongrois après la Première Guerre Mondiale. La formation de la république allemande et la démocratisation ont coïncidé avec la défaite et la signature du traité de Versailles, ce qui a poussé beaucoup d'allemands à nier la légitimité au nouveau régime et à éprouver une loyauté nostalgique envers l'ordre ancien. Ceci a été particulièrement observé chez des officiers de l'armée et des fonctionnaires, et même le clergé protestant et le corps enseignant. L'indépendance imposée à l'Autriche et l'interdiction aux alliés de toute unification avec l'Allemagne, toujours confirmée lorsque la république se trouvait dans des difficultés économiques, a contribué à délégitimer la démocratie parmi ceux qui avaient de forts sentiments pan-germaniques. Como Paolo Farneti l'a montré dans son analyse de la crise italienne, les divisions créées dans tous les domaines par l'interventionnisme, le coût de la guerre et la déception par les fruits de la victoire ont beaucoup contribué à l'incapacité de la démocratie qui se créait en Italie à faire face aux difficiles réajustements dans sa structure sociale et économique après la guerre. La dépendance et le nationalisme économique en Hispanoamérique après la Deuxième Guerre Mondiale ont eu un rôle similaire.

Ces problèmes semblent être particulièrement intraitables au cours de la phase de consolidation parce que l'identité de l'état est en jeu. Les compromis internationaux ne peuvent pas changer aussi facilement que la politique intérieure, puisqu'ils dépendent de pouvoir extérieurs hors du contrôle d'un quelconque gouvernement futur, et une opposition déloyale peut plus facilement rejeter la responsabilité de la situation sur le système que sur un gouvernement en particulier. De plus, le processus de négociation internationale mènera probablement à des positions contradictoires et ambiguës. Les déclarations faites à l'intérieur de la maison peuvent être différentes de celles qui se font sur la table des négociations. Les compromis sont acceptés avec des réserves mentales, et  une attente d'une révision future surgit. Un exemple extrême de cette ambivalence peut être observé dans la politique du gouvernement italien par rapport à Fiume et le réarmement allemand contrevenant au traité de Versailles, politiques qui ont contribué à la formation de groupes paramilitaires très politisés qui ont été tolérés par les autorités bien qu'elles prétendaient le contraire.

Par JUAN J. LINZ
dans
La quiebra de las democracias (Alianza Editorial Sa, 1996),
Traduit par Sanfour

lundi 14 février 2011

Debug Vs Reset

Par Sanzaloun,


Une petite conversation qui a eu lieu entre deux tunisiens le 3 février, lorsque le gouvernement s'apprêtait à faire voter une loi qui donnerait le droit au président d'émettre des décrets loi: le sujet de la discussion divise largement les tunisiens, les deux opinions exprimées sont assez répandues dans la rue tunisienne et sont toujours d'actualité. On a jugé intéressant de partager ce petit chat avec d'autres.


debug: chneyya la7kéya mta3 errayis ?

reset: bein ils ne veulent plus se faire chier à passer des trucs par le parlement.
Il y a des réformes à faire. Normalement, elles doivent passer par le parlement pour qu'il y ait de nouvelles lois, il faut qu'elles soient discutées et approuvées, cela prend du temps, donc ils veulent passer outre.
Dans certaines conditions, la loi prévoit la possibilité d'octroyer au président le droit d'émettre des décrets lois (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cret-loi), d'après l'article 28 de la constitution tunisienne (http://www.jurisitetunisie.com/tunisie/codes/constitution/const1010p.htm). En gros on court-circuite le pouvoir législatif.
on est d'accord que le parlement est pourri. Il est à 75% RCD.
Mais passer par le parlement permet dans les conditions pourries actuelles de prendre du temps et permet aux gens de se rendre compte de ce qui se trame
Y a pas mieux lel ghamma

debug: Sans faire non plus de procès d'intention à ce gouvernement, c'est vrai que c'est pas très transparent ... on n'est pas en situation de guerre ... et l'avis des juristes dans tout ça ?

reset: ouais, la constitution le prévoit, il faut que le parlement l'autorise
et le parlement est pro-gouv. donc il va le faire si le gouv. le demande, c'est tout à fait légal.
ya weldi 9a3dine noghtsou men jdid
Il y a eu un moment où il aurait fallu tout dissoudre: gouv, parlement, etc , et élire une constituante. Là c'est trop tard, ils ont réussi, je ne sais comment, à convaincre les gens qu'on doit rester dans un cadre "légal", "constitutionnel", celui d'une constitution souillée qui n'en est plus une et ils ont gagné la bataille des idées

debug: et qui a le droit de regard sur les decrets ?

reset: Le conseil constitutionnel (CC) à priori (http://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_constitutionnel_%28Tunisie%29). Si on considère que les décrets-loi sont des projets de loi ordinaires. Mais je ne suis pas vraiment sur que ce soit le cas. Mais le CC est pourri aussi.
Tawa lghoura b8ari9a 9anounéya, famma risque non négligeable en tout cas, bech ma nodhlomch la3bed.

debug: oui c'est clair que le risque est plus que non négligeable
mais il faut aussi prendre en considération la situation
le parlement est caduc, beaucoup l'ont déserté, la chambre des conseillers est dans la même situation.
Personnellement, je pense que ce gouvernement n'a pas intérêt à faire de la merde en laissant passer des décrets réhabilitant la torture, la censure, la liberté d'expression, ou instaurant l'autorité sans contestation d'un seul homme, femme, parti ou groupe.
après
j'ai pas confiance non plus à 100% en tous les ministres (même les soit disant indépendants) et reconstruire un parlement tawwa n'est pas possible à mon avis ...

reset: ya weldi el 7all wadha7, 7ell koll chay, 5alli le7kouma avec des compétences réduites eddawer lebled, et élection d'une constituante t3awed eddostour: esses el 5aya5 el 7ali ma3andek ma tebni 3lih.

debug: Concernant l'assemblée constituante, qui pour toi auras le droit de se présenter aux élections ?

reset: rétorique hetha walla chnowa ?

debug: non question bel7a9
allo
sérieux, ta solution méhich 5ayba jemla
un nouveau départ mais pour moi ça manque de détail.

reset: les détails je n'en sais rien (ils sont à débattre collectivement), mais deux façon de finir une révolution :
Soit tu sauves le système buggé, tu fais un debug en gros
Soit tu fais reset et comme je t'ai dit, ils ont réussi à écarter l'éventualité du reset qui était sur toutes les bouches les premiers jours. On est dans dans la première situation elli heya 5ayba yesser puisque on sait que le système est tellement pourri que mafih matmanna3.
W ghacha kbira ce que disent les gens concernant gouvernement transitoire.
Ya weldi elli yeta3mal tawa manech bechna7iweh dans 20, 30 voire 40 ans
Au Chili, ils ont trouvé comme compromis: le départ de Pinochet + amnistie générale contre préserver le système, avec la même constitution élaborée sous Pinochet (1980), très conservatrice et qui donnait des pouvoirs exorbitants à l'exécutif (c'est normal tu me diras, c'était un dictateur). Cette constitution ne peut être modifié qu'avec une majorité des 7/9 au parlement, en d'autres termes, presque jamais. Ils y sont toujours, 30 ans après et 23 ans après la transition, bien que ça fasse chier la majorité de la population et que ça ne profite qu'à une petite minorité.
Mais la situation d’alors au Chili était différente, Pinochet était en position de force et son clan savait que cela ne pouvait pas durer, qu'il fallait faire des concessions avant que le vent ne tourne, et ils ont effectivement cédé pas mal de choses à l'opposition de l'époque, la socitété civile etc ...
Là, en Tunisie, c'est différent: le pouvoir déchu a été en position de faiblesse pendant plusieurs jours w ma 9dhinech 3lih
Rit ghannouchi kifech ya7ki lbera7 fi 7annaba3l
kollou thi9a fennafs walla, alors qu'il y a deux semaines errajel bech yboul fi serwelou.
Esayed 5raj ya7kilna 3la chomage wel wadh3 el e9tissadi, ila5, ila5 , ye5i mouch 5edmtou annou ybaddlou eddostour bech na3mlou enti5abète naziha fi a9sar al ajèle ? ech mda5lou fel 5ayarat el e9tisadeya ? Ce sont des choix politiques qu'il n'a aucune légitimité à prendre (et aucun soit-disant technocrate n'a le droit de le faire puisque ce sont des choix politiques et non pas techniques) et j'ai l'impression qu'il s'apprête à le faire, sinon à quoi bon appeler Elyes Jouini (vice président de dauphine, et la réputation de dauphine, et son orientation politique n'est inconnue de personne) et créer un poste de ministre, auprès du premier ministre, chargé des Réformes économiques et sociales et de la Coordination avec les ministères concernés. Chkoun sarra7lou bech annou yondhor fel 7keyète hethi ... Cela fait déjà 11ans qu'il est premier ministre, ce n'est pas en "6 mois" qu'il va résoudre ces problèmes (je dis "6 mois" entre guillemets car rien n'est fait pour éloigner les élections, qui devraient avoir lieu au plus tard le 16 mars. plus de deux semaines se sont écoulées depuis le 14 janvier, le tiers du délai de 60 jours, et on n'entend que des rumeurs sur l'échéance pour les prochaines élections), et il n'a aucune légitimité pour le faire ... Ca c'est de l'arnaque ... Il ne devrait être là que pour expédier les affaires courantes et ils font justement tout pour éluder cette éventualité de gouvernement avec des pouvoirs minimaux, et ils s’octroient des pouvoirs disproportionnés par rapport à ce qu’on leur a été initialement demandé.
On parle généralement de la mémoire collective assez courte etc, là c’est impressionnant, cela ne fait que deux semaines, et on a déjà oublié pourquoi ils sont là. Ce qu’on leur a demandé initialement, c’est de changer le code électoral, celui des associations (et des partis politiques notamment) et celui de la presse pour pouvoir mener une campagne plus ou moins correctement et faire des élections assez rapidement pour renouveler toutes les institutions désormais illégitimes, là ils demandent le pouvoir de légiférer dans presque tous les domaines et personne ne fait d’objection, c’est vraiment impressionnant. On avait dit qu’il fallait être vigilent. On voit bien que personne ne l’est à présent.
ça y est, 9elbou ettor7

debug: stanna chouyya
juste pour revenir à ton reset
théoriquement je suis d'accord avec toi, à nous de donner un visage à la démocratie qu'on veut
mais le reset aussi peut s'avérer très dangereux
surtout quand on ne sait pas vers où on va
c bien beau de dire on détruit tout et on reconstruit, mais sans proposer une alternative réaliste et claire, je préfère m'en tenir à un squelette de république et le garnir ensuite en attendant les élections, cela va de soit que les réformes ne vont pas se faire en catimini comme tu le prétends.

reset: bein tu ne peux jamais savoir où tu vas, à moins d'être un dictateur, et encore. On vient de voir que même le sort des dictateurs n'est pas si sur que cela

debug: mais on reconstruit avec quoi, qui et vers où ?
on a système républicain parlementaire qui peut être réformé
on a une constitution labès béha qu'il faudra réformer justement avec un nouveau code électoral qui sera rédigé en concertation avec les différents partis politiques et représentants de la société civile (le travail de la commission étant une proposition de lois à approuver par ces derniers)

reset: bein non justement
il ne peux pas être réformé, et encore moins par ces personnes là

debug: pourquoi ?

reset: prace qu’on va nécessairement rester dans le même système qui nous a mené vers la catastrophe. Une cause formelle à cela est l’impossibilité de remettre fondamentalement le système en cause de l’intérieur du même système.
De plus, tu redonnes aux mêmes personnes qui nous y ont menés (à la catastrophe je veux dire) le pouvoir. Ils sont de par leur vécu, leur histoire, "structurellement” incapables d'un raisonnement fondamentalement différent, et c'est de cela qu'on a besoin, un nouveau paradigme si je peux l'appeler comme ça, et comme on dit :
من شب على شيء شاب عليه

debug: c'est qui les mêmes personnes pour toi ? Et comment peux-tu juger de leur capacité ou incapacité "structurelle" à raisonner autrement que sous Ben Ali ? Tout le monde était incapable non pas de raisonner mais d'entreprendre à cause du système. Il ne faut pas faire cet amalgame que tout le monde est en train de faire. Un nouveau paradigme est une très bonne idée je trouve, mais vouloir l'imposer maintenant sans calcul préalable n'est pas d'une grande sagesse à mon avis. Le nouveau paradigme sera intégré dans les programmes des élections à venir, il y aura des libéraux, des communistes, des islamistes, des socialistes, etc. C'est à ce moment là que chacun se battra pour son paradigme. Maintenant pour moi, il faut garder le squelette, le garnir et laisser le peuple choisir son projet de société dans le cadre d'élections libres et transparentes.

reset: tawa temddli lel mbaza3 ya3mel decret loi ?
maw la7kouma bech ta3mlou, cabinet lghannouchi wa man wara2ahou, ce sont les mêmes personnes dans son cabinet à quelques modifications près.
Même les commissions qui ont été nommées, ma3and'hom 7atta pouvoir, elles sont purement consultatives (ce sont les institutions de la dictature (chambre des députés, des conseillers, etc ...) qui ont toujours le pouvoir effectif).
Si tu voulais vraiment faire quelque chose d'indépendant, ta3mel majles ta2sissi (ta3ti un pouvoir à ces personnalités supposées indépendantes, ou de l'opposition).
En france ils font des commissions très souvent: la commission travaille dans son coin, donne des recommandations et puis l'exécutif choisit w y3addi lel barlamène, wel barlamène yne9ech , ysada9a walla maysada9ch, là c’est pire car le gouvernement (illégitime au passage) choisira sans avoir à se soucier d’une quelconque opposition ultérieure du pouvoir législatif.
C'est encore une arnaque de dire que ces commissions assurent un rempart ou un contre pouvoir, à moins que ce soit un contre pouvoir sans pouvoir.
Et puis penses tu sérieusement que la période en l’attente des élections soit si anodine que cela. Tous les choix qui y seront faits (par un gouvernement illégitime, je ne le répéterai jamais assez), détermineront significativement, les élections, leur résultats et le régime pendant quelques décennies.

reset:  Wet7ebe ta3ref kifech na3mlou hal majles, jme3a fel commission mta3 les reformes, jme3a mella7zeb, jme3a mel jam3eyet, independants, etc , etc
Pas forcément monta5ab ya sidi, mais au moins tu donnes un vrai pouvoir à ces soit-disant indépendants voire opposants, ce qui n'est pas du tout le cas aujourd'hui.
Bon, au moins odhmonli ta3mel majles ta2sissi dans 6 mois, dans un an, dans deux
Je n'ai pas du tout l'impression qu'on aille dans ce sens. On va vers la récupération d'un système 5aya5.
Lorsque la machine sera relancée, elle aura encore plus d'inertie et si tu veux faire un changement radical, c'est maintenant ou jamais, sinon il faudra attendre un autre demi siècle.

debug: ton changement radical franchement me plait beaucoup
je suis d'accord à 100%, faut un changement radical, en sachant vers où on va, mouch ntalbou juste eb changement
w bsara7a, le plus grand changement radical fina na7na, notre initiative et notre comportement avec l'état
On a un système républicain qui est loin d'être parfait, on a une constitution ... mais on a aussi un vide politique énooooorme qu'il faut qu'on comble, Le travail à mon avis c'est de réformer tout ce bordel, pas en le rejetant en bloc, et en appelant à tout détruire au nom d'un majles ta2sisi qui fera le même boulot en prétendant reconstruire de zéro ... Et puis tu veux mettre qui dans ce majles ?! El Mestiri ?! El Kilani ?! Jme3et el 14 janvier ?! Pour moi ils ne sont pas légitimes non plus.
dans 6 mois yaura des élections, toutes les forces politiques pourront se présenter
j'espère quil y aura une réforme vers un système, où on réduira considérablement les pouvoirs     du président, wel barlamèn bech ywalli 3andou 9imtou, wel mou2assasèt zéda
ça te convient pas ce deal ? Ton majles ta2sisi tu pourras l'avoir après les élections.
pour moi c'est par étapes qu'il faut procéder, refuser tout le système en bloc net jeter le bébé avec l'eau du bain 'est pas la bonne attitude c'est tout, pas pour le moment. non ? Beaucoup de dérives commencent à se manifester aujourd'hui en totale absence des institutions (wileya, mo3tamdeyyèt, baladiyyèt, ...) et des confilts internes dans la police et les certains fonctionnaires de l'ancien régime.
Sérieusement je ne suis pas d'accord sur le principe sur l'habilitation du président à faire des décrets lois mais faut rester vigilant et ne pas hésiter à gueuler dès qu'il fait de la merde ... mais peut-être qu'il ne fera pas de la merde aussi sous la surveillance du gouvernement actuel et des composantes de la société civiles une fois libérées du joug de la dictature (à mon avis c'est là qu'il y a du travail à faire, dans la société civile) ...

reset: Elli ta7kili fih lkoll barnamaj fel hawa2, ma3andek 7atta dhamène anou bech yet7a9a9
Ya weldi tu sais, tnajjem ta3mel majles ta2sisi wet9oul, les articles ta3 jomhoureya manmessouch, t7ott des principes premiers desquels on ne peut pas s'écarter w ta3mel 3lihom estefte2, wemba3ed t5alli hal majles ye5dem
Ama ena, ejjme3a hethom, na38ihom pouvoir exécutif w legislaif farda marra, w houma yebkiw w y3awdou rana gouvenrment provisoire ma3andou 7ata ahameya, hethi 7keya ma tse3ednich jemla

Je trouve qu'ils ont très longtemps insisté sur leur insignifiance, sur le fait qu'ils ne sont là que pour quelques mois, que ce n'est pas grave s'il ne sont pas légitimes, mais on assiste là à un glissement très grave

debug: tu n'élis jamais un gouvernement déjà ... et puis la position de mbazza3 est constitutionnelle

reset: bein non, houma y9oulou mouch mochkla, on n'est pas élu mais on n'a pas d'importance, dans quelques mois vous pourrez élire ce qui vous représenteront. Ce sont ceux là qui seront légitimes.
Ti hey 3ad matkassarlich kraymi kif ennaguez jomla: Tu élis un président qui nomme un premier ministre qui forme un gouvernement. Au moins, il découle d'une institution élue, hatheka chno9sod
Et lembazza3 n'est pas légitime tout autant que le parlement
9oulch 3lik 9otli zaba legitime, donc enne2eb mte3ou legitime, w majels nowébou légitime w majles mostacherih, w 7koumtou, w lijénou, ila5, ila5

debug: 3echna 50 ans avec un régime policier, on peut pas attendre 6 mois avec un régime constitutionnellement légitime ???

reset: non, justement, car tawa, peut etre plus tawa mais jusqu'à il y a quelques jours, on était en position de force, on ne le sera pas forcément dans 6, 7 ou 8 mois.
Et puis je n’ai pas dit rejet en bloc, hani 9otlek 5alliha le7kouma te5dem, 9otlek na77iha ena ? ma mana38ihech essale7iyète hethi lkoll, w n7ebbha ta38ini men tawa dhamène, edhamène howa solta mosta9ella bech t7ottli systeme jdid.
Ce qui n'est pas du tout le cas, on n'a aucune garantie pour l'instant.

debug: c vrai c très dangereux essala7eyyèt hédhi el koll, metféhim M3ak 3alle55er ... Mais en même temps, je ne pense pas qu'ils aient pris cette initiatives si ils n'en avaient pas besoin. De plus je t'avoue que je ne suis pas médium, ni  mais je peux pas prédire, tout comme toi, les réformes qu'ils vont entreprendre. mais 3andi éna dhamanèt = 3bèd mosta9ellin
kifek si j'ai bien compris
w ayy 3abd bech t7ottou bech ytall3oulek fih sebba
Yadh Ben Achour l'homme chargé des réformes politique
c un indépendant et c le meilleur dans son domaine
bech'hédit ennès el koll
3lèch on diabolise fel la3bèd el koll ?
3lèch on imagine un scénario catastrophe alors que tous les indicateurs on montré de bons signes jusqu'ici ???

reset: je ne diabolise pas.
Mais si yadh ben 3achour ma3andou 7atta noufoudh, juste ya38i e9tira7at.
Je veux juste dhamanète 9anouneya wadh7a qu'on ne vas pas vers la catastrophe, qu'il y aura une remise en cause systématique des institutions pourries (lem5azeza), voire de tout le système s’il le faut, et puis manech bech nmoutou ken la7kouma hethi 3and'ha a9all sale7eyète,je  n'ai aucune raison bech na38iha tous ces pouvoirs, ethi9a ? ma 3andich fiha thi9a.
En gros je préfère perdre du temps qu'aller à toute vitesse dans le mur.

debug 5allili ta réponse
nemchi lettoilette w narja3

reset: haya nasra7 7atténa, ilalli9a2

debug: ok, pourquoi pas
Au final c'est bien de ne pas céder toutes les manettes au gouv, je suis tout à fait d'accord sur le principe
Mais ki mat5alléha tmess chayy on n'avancera pas non plus ... sachant que le premier objectif de ce gouvernement c'est d'organiser des élections dans les meilleures conditions ... Au final, à mon avis, pour le moment il vaut mieux compter sur le gouvernement actuel et la commission des réformes politiques et non pas un parlement caduc. Concernant l'assemblée constituante, pourquoi pas à moyen terme, elle peut avoir une réelle valeur ajoutée. Pour le moment je resterai vigilant sur tous les projets de loi à venir, on garde les yeux ouverts sans tomber dans les procès d'intention.

reset: nzidou na7kiw fellil