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mardi 28 juin 2011

Cinémafricart, L'incorrigibile TV7 (euhhh, pardon, RTT), Ben Brik et Ennahdha

Par Sanfour,

"L'incident" et TV7
Dans son édition du dimanche 26 juin, la télévision nationale Al Watanyia anciennement TV7 anciennement RTT, a couvert un évènement assez grave d'atteinte à la liberté de pensée et d'expression. La démarche de la chaîne nationale est à ce titre louable. Le reportage portait sur la manifestion (il n y aurait pas eu de problème s'il ne s'était agit que d'une manifestation, et quand je dis manifestation, j'entends pacifique bien évidemment, je n'aurai pas à le préciser à chaque occurrence) qui a eu lieu devant le Cinémafricart à Tunis. Quelques dizaines de personnes (je ne saurai avancer un chiffre exact) auraient débarqué dans la salle de cinéma, interrompu la projection du documentaire "Ni Allah, Ni Maître" de Nadia El Fani en agressant une partie des personnes alors présentes, et porté des dégâts matériels aux installations (dont la porte du cinéma défoncée, etc ...). Cette version des faits, largement reprise par différents médias et non démentie, est donc avérée. Les manifestants/agresseurs, de par leur allure vestimentaire et leur pilosité assez développée pour ne laisser aucun doute sur leur virilité, semblaient relever d'un courant religieux conservateur. Il faut préciser au passage qu'il existe deux types de développement pilaire diamétralement opposés: l'un, très reconnaissable, et qui eu, jadis, ses heures de gloire, porté par des figures populaires comme le Ché et Fidel Castro, est résolument révolutionnaire, et un autre, très en vogue en ces jours malheureux de régression, qui relève de tous les conservatismes religieux qu'ils soient chrétiens, juifs (hassidiques, juifs orthodoxes, etc ...) ou musulmans. Il conviendra donc de bien faire la différence entre la barbe révolutionnaire et la barbe conservatrice.
La chaîne nationale a couvert l'évènement dans son professionnalisme habituel. Mesurant toute l'ampleur de cet énième atteinte à la liberté d'expression dans la Tunisie post 14 janvier, elle a diffusé le reportage de 61 secondes à 39minute 45 secondes du début du journal d'un peu plus de 43 minutes entre le bulletin sportif et la couverture du mariage du prince Albert de Monaco.
 
Extrait du JT de TunisiaTV (Wataniya, TV7, RTT) du 26/06/2011
Couverture des violences au Cinémafricart


Les mauvaises langues seraient tentées de dire que ce choix prémédité visait à occulter l'évènement et en amoindrir l'importance mais de fin connaisseurs de la société tunisienne que sont les journalistes et présentateurs de TV7 (c'est vrai que la chaîne s'appelle différemment à présent, mais comme ce sont les mêmes journalistes de TV7, rien, sauf amnésie volontaire et délibérée عفانا و عفاكم الله, ne va à l'encontre de cette appellation), savent que l'heure de plus grande écoute du JT est celle du bulletin sportif. Le choix de faire suivre les informations sportives par ce reportage, était donc le meilleur moyen de lui assurer la plus grande audience.

Justifications, silence et condamnations
L'évènement a été assez largement couvert pas différents médias[1] qui ont repris les condamnations de plusieurs acteurs (cinéastes, société civile, ...). 
Pour une période qui prétend rompre avec la censure, l'oppression, le parti unique, le chef unique, la pensée unique, et par extension, le dieu unique, il est normal que les différents acteurs du projet de changement de régime (que certains qualifieraient de révolutionnaire) condamnent fermement toutes les atteintes à la liberté d'expression, de croyance et de pratique. Des forces progressistes (Ettajdid, le PDP, Ettakattol, Le Parti de l'Unité populaire, Le parti "Al Wifak Al Joumhouri", Le Parti populaire républicain, l'association des cinéastes tunisiens, la FTCR, des indépendants, etc …) se sont immédiatement empressés de le faire. 


Taoufik Ben Brik
Il n'en est pas de même pour tous les acteurs du débat publique. Certains ont feint l'ignorance avec un silence assourdissant ( لا حياة لمن تنادي, موش هوني الجماعة) et d'autres vont jusqu'à essayer de leur chercher justification. Une grande gueule (جلغة كبيرة بالعربي) comme "si" Taoufik Ben Brik, qui a bâti toute sa réputation et sa carrière sur l'image de victime de la répression et de l'oppression du régime de Ben Ali, n'hésite pas au micro de MosaiqueFM à qualifier les organisateurs de la projection du film de criminels, le film de "pornographie idéologique" dont le caractère provocateur est la source de tous les maux et si certains ont menacé des gens, en ont tabassé certains et  ont détruits des biens, c'est parce qu'ils ont été provoqués quant à leur religion et leur identité (Incroyable ? Eh oui, mais il l'a bien dit : à écouter ici). Un "journaliste", qui n'arrête pas d'étaler son pseudo-savoir (Dostoeivsky, Saramago, etc ...) et qui s'interroge sur la maîtrise de la réalisatrice, Nadia El Fani, quant au sujet de son film, ("la religion" d'après lui) se permet de commenter une oeuvre sans l'avoir vue. Quel bel exemple pour une profession déjà agonisante! Cet "écrivain", "libre penseur" qui, après avoir passé des décennies à se victimiser par rapport à la censure et la répression, en arrive à justifier aussi simplement la réponse à une œuvre de l'esprit par la violence et des agressions sur les biens et les personnes. Quant une fille en mini-jupe se fera malmener, agresser, et violer dans la rue, les agresseurs pourront compter sur la caution de M. Ben Brik qui comprendra (et nous fera comprendre par la même occasion) qu'une provocation à leur religion, à leur identité, et , pire encore, à leur virilité (qui se manifestera sous une forme autre que de la pilosité faciale cette fois ci) aussi inacceptable que le port de la mini-jupe est une cause tout à fait normale d'un tel comportement. On essaiera alors de comprendre avec lui que la "pornographie vestimentaire" mérite/justifie tels châtiments.


Rached Ghannouchi
Un autre acteur d'ampleur tout autre que celle de Ben Brik a eu une réaction (plutôt une non réaction) tout à fait intéressante et révélatrice. Il s'agit du fameux parti islamiste Ennahdha. Ennahdha fait une fois de plus preuve de son attachement aux valeurs démocratiques de tolérance et de libre expression. Aucun commentaire ni communiqué n'a émané des organes du parti, qui devrait se sentir encore plus concerné que les autres puisque les agresseurs se prétendent de mouvances qui lui sont proches. Comme il nous y a habitué, ce parti ne condamne jamais publiquement le recours à la violence dans le débat publique, surtout quand il s'agit de violences intégristes (بمعنى أصولية, نسبة إلى أصول الدين, و أصول الدين ماهيش و احدة و محل نقاش بطبيعة الحال),  et lui apporte donc (à cette violence) systématiquement son approbation tacite en toute impunité. Les situations dans lesquelles ce parti nous a fait preuve de son attachement à la tolérance et au respect des différences sont légion, surtout qu'il ne fait aucun effort pour se cacher. Rien que la semaine dernière, suite au retrait de ses représentants du CISROR, un article publié sur le site nahdha.org, explique partiellement le retrait, par l'impossibilité de siéger avec des personnes qui coopèrent et essaient de normaliser les relations avec "l'ennemi sioniste" (رفض ممثلو النهضة الجلوس إلى جانب من أقرّ بزيارته لإسرائيل وعبّر عن مناصرة للتطبيع مع الكيان الصهيوني). Je ne soulèverai pas ici la question de la pertinence du problème palestinien dans la préparation d'élections nationales constituantes. Ils se retirent tout simplement d'une assemblée car ils ne peuvent pas s'assoir à la même table avec des personnes qui ont des opinions différentes des leurs sur certains sujets. Je me demande comment ils feront dans la future assemblé constituante/législative ? Avec un tel raisonnement, on a le choix entre la démission systématique ou la victoire absolue avec tous les sièges. Ça me rappelle quelque chose ...


Halte à l'amnésie (collective)

Entre couverture journalistique médiocre, des réactions politiques molles, des hésitations, et des justifications qui sèment pour plus d'intolérance, de répression (sociale j'entends) et d'oppression, je crains qu'une grande partie des acteurs du débat publique ne considèrent pas les évènements récents à leur juste valeur, et qu'on se dirige, à petit pas comme celui-ci, vers ce passé qui ne cesse de me hanter et que nombreux essaient d'effacer. Faudra-t-il peut être ne pas l'oublier, mieux se le remémorer, en gardant ces places 7 novembre, en appelant Ben Ali par son nom, ni ZABA, ni le déchu, et son ère par le sien, celui d'un changement tant espéré , allègrement accueilli et qui a rapidement mal tourné (dès que certains ont légitimé les premiers pas de la répression contre les mêmes islamistes qui oppriment les autres aujourd'hui. On dirait presque une revanche de l'histoire. Est-il possible de la dépasser et ne pas y succomber ?), et en se rappelant de Bourguiba par ses méfaits (Le cule de la personnalité, l'instauration du dispositif répressif qu'est le ministère de l'intérieur, la fusion état-parti unique et la généralisation des procès politiques ne sont que des créations de Bourguiba perpétuées et plus amplement développées sous Ben Ali) autant que par ses bienfaits (que je ne citerai pas ici. Ils sont suffisamment repris et rappelés par ailleurs), pour ne jamais s'y retrouver de nouveau.

lundi 27 juin 2011

Vite lu: كراس مطالب التونسيين بالخارج: حق الانتخاب والاحقية في الترشح لكل الانتخاب العامة

Par Sanfour,


Une dépêche de TAP concernant les assises des associations des tunisiens à l'étranger et leurs revendications (La dépêche en Arabe / Français).


Mise à jour le 28/06/2011


La suite, avec plus de détails, notamment sur des demandes concrètes formulées par les associations des tunisiens à l'étranger:
Le cahier de doléances des Tunisiens à l'étranger remis au ministre des Affaires sociales (Arabe/français)

vendredi 17 juin 2011

Les immigrés tunisiens et les élections constituantes: complément d'information

Par Sanfour,

Quelques questions à MM. Ben Hiba et Ellala

 

Les animateurs de la conférence / débat (Massy - 11/06/2011), dont deux membres du CISROR: Tarek Ben Hiba à droite, et  Mohamed-Lakhdar Ellala (qui est aussi membre du bureau politique du mouvement Ettajdid et président de l'ATF) au micro à gauche.


Quelques questions ont été posées aux deux intervenants (M.M. Tarek Ben Hiba et Mohamed-Lakhdar Ellala) suite au débat organisé à Massy et dont un compte rendu succinct a été relaté dans le post précédent. Ces questions ainsi que les réponses apportées sont reprises ici :

Questions :

Si j'ai bien compris, les consulats sont compétents pour recevoir les inscriptions sur les listes électorales. Je voudrais cependant connaitre les modalités de ces inscriptions: il suffit de se pointer au consulat et de demander son inscription ? Quels documents sont nécessaires pour s'inscrire: Carte d'identité / passeport  ? Et si une personne ne dispose pas d'une carte d'identité: devra-t-elle obligatoirement s'en faire faire une ? Comment cela se passe-t-il pour les sans-papiers ? Aller au consulat pour des démarches administratives est-il désormais sans danger pour eux ou devraient-ils prendre des précautions particulières ?
Finalement, auriez vous les coordonnées de la Haute Commission indépendante pour les élections (adresse mail de préférence et postale à défaut) ou de l'un de ses membres pour le cas où on aurait d'autres questions ?

Réponses :

T. Ben Hiba :

La commission indépendante pou les élections est la seule compétente pour toutes les opérations électorales, elle n'a pas encore donné le feu vert pour les inscriptions sur les listes, cela ne saurait tardé. Il faut suivre les informations. Pour les modalités aussi elles ne sont pas encore fixées pour les tunisiens de l'étranger. Pour les tunisiens de Tunisie le vote se fera obligatoirement avec les cartes d'identités. Pour nous, nous avons demandé à utiliser les passeports et nous attendons leur décision. Les sans papiers sont des citoyens tunisiens. Ils ont le droit de voter comme tout le monde.
Je n'ai pas les coordonnées de la commission. Je sais qu'ils sont entrain de faire un site web.

M.L. Ellala :

Je vais répondre à tes questions une par une:

Question :  les consulats sont compétents pour recevoir les inscriptions sur les listes électorales.
Réponse : Oui, vous avez bien compris,  les consulats à l’étranger, comme  les mairies et les délégations en Tunisie, sont les administrations compétentes pour inscrire les citoyens sur les listes des électeurs.

Question : les modalités de ces inscriptions ?
Réponse : Oui il suffit de se présenter au consulat et demander son inscription sur la liste des électeurs.

Question : Quels documents sont nécessaires pour s'inscrire: Carte d'identité / passeport  ?
Réponse : Il faut se munir de son passeport et de sa carte d’identité nationale et éventuellement la carte d’immatriculation au consulat.

Question : Et si une personne ne dispose pas d'une carte d’identité : devra-t-elle obligatoirement s'en faire faire une ?
Réponse : Oui, cela ne prendra pas plus de trois semaines si tous les documents exigés sont en votre possession.

Question : Comment cela se passe-t-il pour les sans-papiers ?
Réponse : Je ne peux pas vous répondre. Il faut le demander directement aux services du Consulat. Les sans-papiers ne sont pas sensés être des résidents officiels. Il pourrait y avoir un arrangement.

Question : Aller au consulat pour des démarches administratives est-il désormais sans danger pour eux ou devraient-ils prendre des précautions particulières ?
Réponse : Jusqu'à présent, nous n’avons constaté aucun danger ou pression sur les tunisiens qui s’adressent aux consulats qu’ils soient résidents ou sans papiers.

Question : Finalement, auriez-vous les coordonnées de la Haute Commission indépendante pour les élections ?
Réponse : Désolé je ne les ai pas maintenant, dès que j’en dispose, je vous les communiquerai.


jeudi 16 juin 2011

Les immigrés tunisiens et les élections constituantes: compte rendu

Par Sanfour,

Un compte rendu succinct

Les animateurs de la conférence / débat (Massy - 11/06/2011), dont deux membres du CISROR: Tarek Ben Hiba à droite, et  Mohamed-Lakhdar Ellala (qui est aussi membre du bureau politique du mouvement Ettajdid et président de l'ATF) au micro à gauche.

L’Association des Tunisiens d'Ile de France (ATIF) a organisé samedi dernier (11 Juin) à 19h une réunion d’information concernant les élections de la constituante à étranger, suivie d’un débat avec la présence de deux membre du Conseil de l’Instante Supérieure pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution (CISROR), la réforme politique et la transition démocratique. Etaient présents : M. Mohamed-Lakhdar Ellala (membre du mouvement Ettajdid, président de l’Association des Tunisiens en France (ATF)) et M. Tarak Ben Hiba.
La Réunion a débuté avec un rappel plutôt exhaustif du déroulement des évènements depuis quelques mois, non sans une grande dose d’autosatisfaction et d’autocongratulation irritantes, en passant par les deux gouvernements Ghannouchi pour arriver au gouvernement actuel et la décision d’élire la constituante. Il a été aussi précisé que le nombre des tunisiens à l’étranger se monte à plus d’un million (10% de la population sur le sol tunisien) dont 600 000 en France. 19 sièges parmi 218 leur seront accordés au sein de la constituante, une première dans l’histoire de la représentation en Tunisie et fait rare dans le monde (A titre d’exemple, les français expatriés ne sont à ce jour pas représentés dans aucune des deux assemblées. Ils le seront à partir des élections législatives de 2012).
Quelques précisions ont été apportées quant à la controverse récente concernant le report des élections mais rien de novateur dans tout cela et rien qui n’ait été dit et inlassablement répété dans les différents médias. On n'en voudra pas aux conférenciers pour cela, leur discours présentait un résumé assez concis, très peu marqué par une orientation politique ou une appartenance partisane, et assez correct au final. De plus, il semblait intéresser et convenir à une partie de l’auditoire qui n’était pas nécessairement au courant des dernières évolutions.
Le débat devient un peu plus intéressant lorsque la question à l’ordre du jour vient à être abordée: les élections de la constituante à l’étranger et notamment en France. Les questions, les réponses et les différents échanges se sont centrés sur deux points fondamentaux :

L’inscription sur les listes électorales

Un vieil habitant de Massy présent dans le public pose la question suivante : « Est-il possible que le consulat fasse des permanences en banlieue pour faciliter l’inscription aux listes électorales ? S’il faut prendre le RER, puis le métro puis continuer à pieds, ça fait un peu trop !» (j'en rajoute peut-être un peu للضرورة  الشعرية). Le commentaire peut amener à sourire mais la question est loin d’être dénuée de toute pertinence. Il existe 8 consulats de Tunisie en France : à Paris, Pantin (banlieue parisienne), Strasbourg, Lyon, Grenoble, Marseille, Nice et Toulouse pour 600 000 ressortissants réguliers (légalement sur le sol français). Plusieurs problèmes se posent :
Un simple calcul donnerait 75 000 personnes par consulat. Il faut rappeler que selon le décret loi numéro 35 de l’année 2011 daté du 10 mai 2011 portant sur le code électoral de la constituante (Journal officiel N033, daté du 10/05/2011), les mairies sont compétentes pour l’élaboration des liste électorales à l’intérieur de la Tunisie, et les consulats à l’extérieur. Ceci n’est pas le cas pour les élections elles mêmes.
En Tunisie, les localités avec plus de 5000 personnes disposent d’une mairie donc au moins un bureau d’inscription. Ce n’est pas du tout le cas en France. On ne dispose même pas d’un bureau pour 75000 ressortissants (il est vrai que les électeurs sont un peu moins nombreux) puisque la répartition des tunisiens est régionalement inégale. Exemple : 2 consulats en Ile de France pour 200 000 tunisiens réguliers, et un nombre non négligeable d’irréguliers qui disposent clairement de tous leurs droits politiques dont l’inscription sur les listes électorales et le vote.
  1. Le premier problème est celui d’un trop grand nombre d’électeurs par liste.
  2. Le deuxième problème est d’ordre géographique: celui de la proximité des bureaux d’inscription (consulats) et de la facilité d’accès des électeurs éventuels pour s’y inscrire. Par exemple, tout l’ouest français ne dispose que d’un seul consulat à Toulouse.

Les bureaux de vote et les élections

On rappelle ici que l’organisation des élections ne relève pas du tout des consulats. Par un soucis de rupture avec les pratiques des autorités sous Ben Ali (et Bourguiba a fortiori) en matière d’élections, il a été décidé que les élections ne s’effectueront pas sous l’égide d’un organisme étatique (le ministère de l’intérieur en Tunisie et celui des affaires étrangères à l’étranger anciennement) mais sous celle d’une instance indépendante: la haute instance indépendante pour les élections, actuellement présidée  par M. Kamel jandoubi. Cette commission, ainsi que ses antennes régionales, est responsable de toute l’organisation dont le choix des bureaux de vote, leur équipement et la formation des personnes nécessaires pour leur bon fonctionnement.
Les mêmes problèmes que pour l’inscription sur les listes électorales et d’autres encore se poseront lors du vote.
  1. En matière électorale, il est coutume de considérer qu’il est possible d’assurer des élections dans de bonnes conditions avec 1 bureau pour 1000 électeurs (avec 4 isoloirs par bureau, 8 heures d’ouverture, on est, à peu de choses près, à 40 électeurs par isoloir et par heure). Ceci n’est pas du tout le cas actuellement en France et il est très difficile d’imaginer quelques dizaines de milliers d’électeurs voter le même jour dans le même bureau.
  2. Dans le cas où il y en aurait un nombre réduit, l’éloignement éventuel des bureaux de vote d’une grande partie de la population expatriée pénalisera inévitablement la participation, ce qui n’est pas du tout souhaitable pour des élections de pareille importance.

Quelques pistes …

La haute instance indépendante pour les élections a déjà fait un appel à candidature pour ses antennes locales à l’intérieur de la Tunisie. Silence radio concernant l’étranger. C’est là un premier motif pour monter à la charge et l’interpeller. Étant donné l’urgence et la criticité de la situation, la question des tunisiens à l’étranger n’est probablement pas la priorité ultime des travaux de l’instance (Certaines déclarations tendent à affirmer le contraire. Étant donné que M. Jandoubi est lui-même un expatrié, il est probable que son instance accorde une certaine importance à l’électorat à l’étranger). MM. Ben Hiba et Ellala nous balancent très banalement lors de la réunion de Massy qu’aucune discussion concernant les tunisiens à l’étranger n’avait eu lieu au sein du CISROR avant l’élection de la haute instance indépendante pour les élections. A défaut de voir leurs problèmes spontanément considérés au sein des différentes commissions, et afin de dépasser les conditions ridicules qui encadraient la participation des tunisiens à l’étranger lors des précédentes élections, une mobilisation des intéressés est primordiale surtout que plusieurs solutions existent.
En 2009, lors des dernières élections présidentielles, la Tunisie avait demandé à la France par voie diplomatique des espaces décentralisés à utiliser comme bureaux de vote. C’est ainsi qu’à Massy, un Gymnase municipal fit office de bureau de vote le long d’une journée. Lors des dernières élections algériennes, le scrutin à l’étranger fut mené sur une semaine au lieu d’une journée pour laisser le temps aux électeurs d’accéder aux bureaux de vote tout en désengorgeant ceux-ci. On pourrait aussi envisager d’assurer le transport des électeurs vers les bureaux de vote (en bus par exemple) mais cela ne résout pas le problème d’une affluence disproportionnée aux bureaux (par rapport à leur capacité) et risque de coûter assez cher.
Ceux-ci ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres qui abondent.
Il incombe à tous ceux qui se sentent concernés, ainsi qu’à la société civile, aux différentes associations et collectifs d’organiser les débats qui s’imposent pour imaginer des alternatives, de recenser les ressortissants tunisiens dans leurs collectivités respectives, de les mobiliser pour cette échéance et de transmettre les différentes propositions et données pertinentes à la haute instance pou les élections   et à la relancer incessamment jusqu’à aboutissement. Il leur incombe aussi d’être un interlocuteur fiable vis-à-vis des différentes institutions, un intermédiaire entre les différentes instances et la communauté expatriée et de faire force de proposition tout le long du processus électoral (inscription sur les listes, organisation des bureaux de vote et leur administration, etc. …) soit en écrivant directement aux instances compétentes soit en se fédérant en collectifs et groupement d’associations plus visibles et plus efficaces en matière de communication.

lundi 13 juin 2011

Réunion d'information et débat: LES IMMIGRES TUNISIENS ET LES ELECTIONS DE L'ASSEMBLEE CONSTITUANTE

Par Sanfour,


Une réunion d'information suivie d'un débat concernant les élections de la constituante (prévues pour le 23 Octobre 2011) à l'étranger a été organisée par l'ATIF* et tenue samedi 11 juin à Massy. Deux membres du Conseil de la Haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique étaient présents : M. Tarek Ben Hiba et M. Mohamad-lakhdar Lala. Ici un extrait de la réunion. Un compte rendu suivra rapidement.
Extrait de la réunion d'information


* ATIF: Association des Tunisiens d'Ile de France